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Melingo


Personnage dadaïste, créature souvent située à la croisée d’un Tom Waits, d’un Paolo Conte, d’un Nick Cave et d’un Corto Maltese pour sa démarche de dandy claudiquant, le cas Melingo comme sa biographie, traverse les miroirs d’un monde de doubles à la Borges. L’alchimiste hirsute, aux allures de savant broussailleux a eu plusieurs vies avant d’écrire à partir de 2011 le récit synthétique du Linyera, personnage ombre de lui–même, prétexte à un voyage à l’envers dans le temps, aux origines du tango, et au sein de son propre arbre généalogique.    
 
Melingo le vrai est né en 1957 dans le mythique quartier -pour le tango- de Parque Patricios à Buenos Aires. Il apprend la clarinette au conservatoire, suit un cursus de musicologie et de composition. La machine s’enraille avec l’arrivée de la dictature qu’il l’amène au Brésil pour plusieurs années où notamment il joue avec Milton Nascimento. De retour en Argentine il intègre le groupe Los Abuelos de la Nada (“les grands - pères du néant”) en 1982 groupe rock contestataire et psychédélique menée par le très charismatique Miguel Abuelo (1946-1988) et Los twist ensuite en 1984. Puis tourne aux coté de Charlie Garcia, rock star en Amérique latine. Au milieu des années 80, il part à Madrid, alors en pleine Movida. Il intègre le groupe punk Toreros Muertos. Il enregistre aussi en Europe le disque Lions in love, opus à tendance « psycheledic soul pop » se mêlant aux accents latino. De retour à Buenos Aires dans la décennie suivante, il redécouvre les vertus d’un tango primitif « canaille » aux poèmes chantés en lunfardo, l'argot des banlieues de Buenos Aires érigé en véritable idiome du tango du tout début du 20eme siècle. Personnage Pasolinien par excellence, il est acteur dans de nombreux films, est aussi animateur de télévision où il milite pour ce retour aux sources de la culture des premiers tangos et enregistre les albums Tango Bajos en 98 et Ufa en 2003.
2004, marque le début d’une carrière Européenne et particulièrement hexagonale, grâce au guitariste Eduardo Makaroff, tiers argentin de Gotan Project, qui lui propose de rejoindre le label qu'il vient de créer Mañana. Son premier album distribué en France sera Santa Milonga puis s’en suivront Maldito tango, Corazon y huesos et enfin la Série autour du personnage du Linyera qui débute 2014. Les 3 opus qui suivront, ouvriront une voie de plus en plus conceptuelle, voyageuse et fantomatique, marqué souvent par un état musical crépusculaire qui renoue peu à peu avec les racines orientales de ces ancêtres paternels, assemblant les pièces du puzzle sous forme de créations sonores chorales et d’art total (intégrant vidéo, images, graphisme, divers artistes plastiques alliés à une bande son des plus « cinématographique »).